La saison de navigation 1978 du J. E. Bernier II est celle du retour vers le Sud avec un équipage renouvelé : Lee Brook, Jim Gray, et Marc Paquette, remplacent Jacques Pettigrew et Marie-Éve Thibault. La route de 1978 passe par deux mers arctiques, les mers de Beaufort et des Tchouktches, et par la mer de Béring et l'océan Pacifique. La banquise qui recouvre la mer de Beaufort dérive au gré des vents et des courants marins. Durant l'été, les vents dominants du Sud repousse la banquise au large tandis que les vents du froid Nord la rabattent contre la côte. Juste avant Point Barrow, le J. E. Bernier II a dû chercher d'urgence un refuge derrière une île de sable, afin de se protéger de la banquise qui s'est collée à la côte pendant quelques jours. Le J. E. Bernier II à continuer de longer la côte de l'Alaska jusqu'à Point Hope, dernier arrêt avant de se lancer pour une traversée de la mer des Tchouktches dans la brume opaque. Durant cette traversée, nous avons dérivé trop à l'Ouest et nous nous sommes retrouvé assez loin en eau soviétique, avant de nous en rendre compte. Nous avons viré vers l'Est pour revenir passer entre les deux îles Grande et Petite Diomède, le long de la ligne sépare les jours. Nous nous sommes amusé quelques temps à croiser cette ligne pour le simple plaisir de changer de jour.
On aperçoit, ( à partir du centre, dans le sens horaire) les nouveaux équipiers pour 1978 : James Gray, Lee Brock, Marc Paquette et les anciens (à gauche) Pierre Bédard et Réal Bouvier. | Au début de juillet, la baie de Maclenzie est presque libre de glace. | Afin de limiter la dérive, le J. E. Bernier II vient de s'accrocher à la banquise pour quelques heures, le temps d'effectuer une réparation. C'est une bonne occasion de se dégourgir les jambes. | |||||
La surface de la glace de la mer de Beaufort est plus rugueuse que celle de la baie de Baffin à cause de la plus grande abondance de blocs de vieille glace. | Ce petit iceberg a un surplomb de glace où chute une rigole d'eau de fonte, ce qui nous a permis de faire le plein d'eau sans effort. Il fallait juste aligner le voilier pour que l'eau tombe dans le réservoir. | Un phénomène atmosphérique étrange a causé l'apparition d'un dôme lumineux flottant sur la mer de Beaufort pendant plusieurs heures. Comme sa position a toujours été constante par rapport à l'azimut solaire, nous avons conclu qu'il s'agissait d'un phénomène optique associé aux arcs-en-ciel. | |||||
En été, la banquise de la mer de Beaufort se détache de la côte Nord de l'Alaska progressivement d'Est en Ouest, Point Barrow étant le dernier endroit à se libérer de la glace. Nous avons longé la rive, en restant dans l'eau peu profonde, avant que ne s'échouent les glaces épaisses. | À l'approche de Point Barrow, la banquise s'est refermée pour quelques jours, à cause des vents du Nord qui la poussaient contre la côte. Il a fallu chercher d'urgence un abri derrière une barre de sable et attendre que le vent change de direction. | Ancré en eau très peu profonde, à quelques centaines de mètres du rivage, Le J. E. Bernier II attend que le vent repousse la banquise au large. | |||||
Le J. E. Bernier II à voile sur les eaux glacés de la mer de Beaufort. L'escale à Point Barrow est le point le plus au Nord de la route de 1978. Nous y sommes restés quelques jours pour nous ravitailler et nous détendre avant d'affronter la mer des Tchouktches. | Les autochtones chassent encore les morses pour leur viande, leur cuir et leur ivoire. Le cuir est imperméable et reste souple au froid, il sert à la confection de bottes et du revêtement des embarcations traditionnelles. | Cet umiak fait en bois recouvert de peaux de morses est encore en utilisation à cause de sa légèreté, sa solidité et sa souplesse sur la banquise, comparativement à l'aluminium ou la fibre de verre. | |||||
Un monument funéraire près du village de Point Hope. Vu la quasi-absence de bois dans cette région nordique, les os de baleine ont été la principale ressource comme matériaux de structure. | Le seul bois disponible à Point Hope est le bois d'échouage trouvé sur les plages après avoir dérivé depuis les régions forestières situées plus au Sud. | L'intérieur d'une habitation ancestrale des chasseurs de baleine de Point Hope. La structure est en os de baleine et le recouvrement en blocs de tourbe. | |||||
Visibilité nulle : la mer des Tchouktches est couverte d'une brume si opaque que de la cabine on ne voit presque plus le devant du voilier. Sans radar ni GPS, on navigue au compas magnétique. La position du voilier est estimée d'après l'azimut de la course et la vitesse probable, après plusieurs jours, la position estimée devenait fort différente de la position réelle. | La brume s'est levée pour quelques heures, le temps de d'estimer notre position et de voir la mer durant la traversée de du cercle arctique, à la latitude 66˚ 33'N. | Après plusieurs jours de navigation dans la brume, un dégagement à l'Ouest fait apparaître une terre au loin, on y met le cap, croyant reconnaître les îles Diomède. Lorsque la brume s'est complètement levée, on a réalisé que nous avions dépassé les îles Diomède et que l'on se dirigeait vers la Sibérie. On a donc viré de cap en vitesse. Sur la photo, nous sommes encore du côté soviétique de la ligne. |